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FIV à trois parents : joue-t-on avec la vie ?

Au Royaume-Uni, huit bébés sont nés récemment grâce à une nouvelle méthode de fécondation in vitro, dite FIV à trois parents. Cette technique implique l’utilisation de l’ADN de trois personnes (un homme et deux femmes) et permettrait de protéger les enfants de maladies rares. Mais elle soulève de nombreuses questions bioéthiques.

Une étude publiée le 16 juillet 2025 dans le New England Journal of Medicine annonce la conception de huit bébés par une technique de procréation artificielle avec don de mitochondries. Il s’agit d’une nouvelle méthode de fécondation in vitro, dite FIV à trois parents, impliquant la création d’embryons humains à partir des gamètes de trois personnes, dont deux femmes et un homme. Pour l’instant autorisé uniquement Outre-Manche, ce procédé permettrait de protéger les enfants de maladies rares.

Création d’embryon humain in vitro, à partir de 2 ovocytes et un spermatozoïde

Si la FIV à trois parents est présentée dans l’étude britannique comme « une avancée » ou une « expérience sans précédent », elle n’est pas nouvelle. Cette technique de procréation est utilisée depuis plusieurs années, comme une version améliorée de la FIV. Comme déjà relevé plus haut, elle consiste en la création d’embryon humain in vitro, à partir de 2 ovocytes et un spermatozoïde. Le procédé vise à éviter une maladie mitochondriale notamment. C’était l’objectif de l’étude publiée récemment dans le New England Journal of Medicine.

La FIV à trois parents pour éviter des gènes défectueux

Pour réaliser une FIV à trois parents, le médecin remplace quelques gènes défectueux de la mère par des gènes sains issus de la donneuse. Pour rappel, la majorité des gènes d’un enfant, ceux contenus dans le noyau de ses premières cellules, proviennent de la mère. Celle-ci transmet en particulier les mitochondries, de petits corpuscules que l’on trouve dans presque toutes nos cellules, dans des proportions variables. Ces organites produisent l’énergie nécessaire au bon fonctionnement de notre corps. Si elles sont défectueuses au niveau de la mère, il faut absolument une donneuse.

Des anomalies chez un bébé et des fausses couches

L’étude publiée mi-juillet dans le New-England Journal of Medicine a concerné 25 femmes donneuses et 71 femmes désireuses d’avoir un enfant, dont 53 ont été éligibles pour le prélèvement d’ovocytes. Au total, 38 procédures de stimulation ovarienne / prélèvement ont été réalisées. Ce qui a abouti à la récolte de 736 ovocytes. Tout le processus a conduit à 8 grossesses sur 22 femmes prises en compte (soit 36%). Chez 5 des 8 bébés, le niveau d’hétéroplasmie était indétectable (inférieur à 3%). Ce qui est rassurant. Mais l’un des enfants présentait une anomalie cardiaque. L’étude confirme d’ailleurs que le don de mitochondries n’empêche pas la transmission de mitochondries mutantes. La technique n’est donc ni sûre, ni efficace, d’autant qu’il a eu de fausses couches.

La FIV à trois parents soulèvent des questions bioéthiques

Face à ces résultats mitigés, il est clair que les parents ne peuvent pas entièrement compter sur la FIV à trois parents pour procréer. De plus, rien ne garantit que l’enfant sera sain. Par ailleurs, la manipulation de l’ADN pose de grandes questions bioéthiques. Des scientifiques craignent que la volonté de transmettre certains gènes à tout prix à un enfant puisse conduire à créer des bébés sur mesure et impacter négativement les générations futures.

En effet, ces modifications génétiques seront héréditaires, en particulier pour les petites filles destinées à donner la vie et à transmettre des cellules mitochondriales. D’ailleurs, la FIV en elle-même soulève déjà des inquiétudes, face à la tendance des parents, dans certaines régions du monde où la pratique est autorisée, à ne sélectionner que des embryons de garçons.

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