Selon l’OMS, le nombre de personnes ayant succombé à la maladie bactérienne caractérisée notamment par des diarrhées aiguës a connu une hausse l’année dernière. Une situation d’autant plus inquiétante qu’elle est réputée facile à enrayer.
Les plus récentes données du choléra dévoilées par l’OMS, ce mercredi 11 septembre, sont sans appel et reflètent une flambée de l’épidémie. De 472 697 en 2022, le nombre de cas recensés l’année dernière est ainsi passé de 535 321. Soit une augmentation de 13%.
Cette situation se traduit également par la hausse des « flambées de très grande ampleur » définies par plus de 10 000 cas suspects ou confirmés selon l’organisme mondial de la santé dans un même pays. Elles ont ainsi été signalées sur trois continents, dont neuf pays.
Cela représente deux pays supplémentaires qu’en 2022. Parmi ceux-ci figurent l’Afghanistan, le Bangladesh, l’Éthiopie, le Haïti, le Malawi, le Mozambique, la République démocratique du Congo, la Somalie ou encore le Zimbabwe.
Des victimes abandonnées ?
Au total, le choléra aura été détecté dans 45 pays à travers le monde, soit dix de plus que les données enregistrées en 2021. Selon l’OMS, le fardeau de la maladie s’est déplacé géographiquement, passant du Moyen-Orient et de l’Asie vers l’Afrique.
De quoi faire environ 4 000 morts, à en croire Philippe Barboza, chargé de l’équipe choléra du programme des urgences sanitaires de l’agence onusienne, cité par le New York Times (NYT). Un chiffre également en hausse, de 71%, mais probablement sous-estimé. Pour cause, cela concerne les cas officiellement signalés.
Car la technique de modélisation conçue par l’OMS révèle plus de 100 000 morts potentiels. Derrière ces effroyables statistiques, se cachent des drames humains révélateurs du peu d’intérêts de la communauté internationale vis-à-vis de cette maladie pourtant fatale sans prise en compte appropriée.
Des risques mondiaux négligés
La raison en est que l’épidémie se développe dans des pays sous-développés, souvent en proie aux conflits ou aux catastrophes naturelles. Privées d’accès à l’eau potable et à des soins de santé de base, ces populations sont particulièrement vulnérables.
Les firmes pharmaceutiques n’ont donc que peu d’intérêts quant à la commercialisation d’un vaccin dont la disponibilité n’est d’ailleurs pas garantie. Pour preuve, moins de la moitié des 74 millions de doses de vaccin requises en 2022 ont été satisfaites.
« Comment pouvons-nous accepter qu’en 2024, des gens meurent parce qu’ils n’ont pas accès à un simple sachet de sels de réhydratation orale qui coûte 50 centimes ? Ils ont juste besoin de perfusions et d’antibiotiques », s’insurge le Dr Barboza.