En Angleterre, sous l’Empire romain, certains gladiateurs étaient sûrement des célébrités. En effet, des archéologues ont découvert un manche de couteau en forme de gladiateur dans une rivière à Corbridge. Vieux de 2000 ans, l’artefact représente un combattant gaucher qui devait être spécial.
En Angleterre, des archéologues ont trouvé un manche de couteau en forme de gladiateur dans la rivière Tyne, aux alentours de Corbridge. Situé dans le comté de Northumberland, ce village de près de 3500 habitants se trouve à l’emplacement de l’ancienne cité romaine de Corstopitum. Celle-ci était habitée de l’an 79 après J.-C jusqu’au départ des Romains vers 400.
C’était un secutor, un combattant fait pour affronter un retiarius
L’artefact vieux de 2.000 ans est façonné dans un alliage de cuivre. D’une dizaine de centimètres environ, il représente un gladiateur miniature muni d’une épée, d’un casque et d’un bouclier. Selon les experts, cette poignée de couteau figure précisément un secutor, un type spécifique de gladiateur romain, dont le nom signifie « chasseur » en latin. Puissants et fortement armés, les secutors étaient spécialement entraînés pour affronter les retiarius, une classe de gladiateurs plus légers, armés d’un filet, d’un trident et d’un poignard.
Ce combattant sur le manche devait être spécial
Le gladiateur à qui appartenait le couteau en question était certainement un gaucher, d’après Frances McIntosh, archéologue et conservatrice des collections pour le Mur d’Hadrien, à proximité duquel était située l’antique cité romaine de Corstopitum. « Cela pourrait montrer qu’il s’agit d’un gladiateur spécifique », souligne-t-elle. A l’époque de l’Empire romain, un personnage gaucher était considéré comme un malchanceux. Le combattant représenté sur le manche devait donc être spécial. C’était probablement une star de l’époque, à l’instar des boxeurs de MMA de nos jours.
Les gladiateurs n’étaient pas que des bêtes de scène
Dr McIntosh rappelle à juste titre que les gladiateurs pouvaient devenir de grandes célébrités, malgré leur statut d’esclaves et leur exclusion sociale du fait de leur profession. Ces personnages, souvent des criminels, connaissaient donc quelquefois un véritable bond dans l’ascenseur social romain. Ils faisaient partie intégrante de la vie culturelle grâce aux spectacles qu’ils offraient dans l’arène, dans tout l’Empire. Ces bêtes de scène ont d’ailleurs inspiré le design de nombreuses œuvres artisanales telles que des lampes, des céramiques et des coupes en verre.
Les gladiateurs pouvaient aussi plaire aux femmes comme des rock stars
Il faut également relever que les gladiateurs n’étaient pas toujours vus que comme des brutes décérébrées. Ils pouvaient être d’irrésistibles athlètes auprès des femmes. Selon Dr McIntosh, également chercheuse au sein de l’English Heritage, l’organisme chargé de la gestion du patrimoine historique anglais, « de nombreuses rumeurs font état de femmes de la haute société tombant amoureuses de gladiateurs (…) ». Certains ragots attribuaient même la paternité de certains enfants à ces combattants car leurs mères avaient été vues en compagnie de ces derniers.
Une découverte qui coïncide avec la sortie en salles de la suite de Gladiator signé Ridley Scott
Le manche du couteau témoignerait en outre de la percée de la culture des gladiateurs jusqu’aux confins de l’Empire romain. « Il est rare de trouver des objets liés aux gladiateurs en Grande-Bretagne. Trouver une pièce aussi intéressante et bien préservée est particulièrement remarquable », ajoute Dr McIntosh. English Heritage prévoit d’exposer cette poignée sur le site même de Corbridge en 2025 avec d’autres objets trouvés dans la Tyne, dont de la verrerie et de la poterie samienne. Coïncidence fantastique, cet artéfact se dévoile au moment où la suite de Gladiator signé Ridley Scott sort en salle, 24 ans après le long métrage porté par Russel Crowe.