Nosopharm, une entreprise de biotechnologie française, met au point un antibiotique first-in-class pour le traitement de l’antibiorésistance chez les agents pathogènes multirésistants. Ce vaccin repose sur Photorhabdus et Xenorhabdus, deux bactéries sous-exploitées mais très intéressantes au niveau thérapeutique.
L’antibiorésistance, l’une des dix principales menaces actuelles pour la santé publique mondiale, fait chaque année plusieurs centaines de milliers de décès. Rien qu’en 2019, avant la pandémie du Covid donc, ce fléau a causé la mort de 1,27 millions de personnes. Avec la crise sanitaire, le décompte devrait s’alourdir.
De l’urgence de développer un vaccin
En cause notamment les infections nosocomiales, engendrées par les agents pathogènes à Gram négatif multirésistants, responsables de près de 60% des décès dus à l’antibiorésistance. Actuellement, il n’existe aucun remède capable de traiter efficacement ce fléau, en particulier des composés avec de nouveaux modes d’action. Dans ce contexte, l’OMS a fixé comme prioritaire le développement d’un traitement. Cependant, cette tâche s’avère difficile. En effet, elle nécessite des moyens financiers conséquents et différentes expertises scientifiques.
Nosopharm s’attaque au problème
Pourtant, Nosopharm a décidé de relever le défi. La startup nîmoise de biotechnologie est aujourd’hui l’une des rares R&D antimicrobienne en France à s’attaquer à ce problème majeur de santé publique. Quatorze ans après sa création, elle est en passe d’atteindre ses objectifs. En effet, l’entreprise basée à Lyon est entrée dans la dernière phase de production d’un antibiotique first-in-class pour le traitement de l’antibiorésistance chez les agents pathogènes à Gram négatif multirésistants.
Noso-502, un vaccin pour enrayer l’antibiorésistance
Baptisé Noso-502, le vaccin de Nosopharm fait figure de premier candidat au stade clinique dans la nouvelle classe d’antibiotiques Odilorhabdines. Il a été produit à partir de deux bactéries sous-estimées mais à fort potentiel pharmaceutique : Photorhabdus et Xenorhabdus. Ces molécules vivent dans une grande variété d’écosystèmes partout dans le monde. Elles se distinguent par leur capacité à nuire aux autres microbes et pas au corps hôte.
Une efficacité totale contre les entérobactéries résistantes
Photorhabdus et Xenorhabdus possèdent une puissante activité antimicrobienne contre le ribosome bactérien, un ensemble complexe de protéines et d’ARN nécessaires à la survie des cellules. Selon des résultats positifs d’études de toxicologie BPL (Bonnes Pratiques de Laboratoire), publiés en juin 2022 par Nosopharm, Noso-502 inhibe ce ribosome grâce à un nouveau mécanisme d’action. Il a montré une efficacité totale contre les entérobactéries résistantes (Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae et Enterobacter spp.), y compris les souches les plus problématiques.
Nosopharm intègre la French Tech Health20
Ces conclusions permettant à l’entreprise nîmoise de passer à la phase suivante du développement de son antibiotique : les essais cliniques chez l’Homme. Pour réaliser cette étape décisive, Nosopharm a besoin de lever de nouveaux fonds et de signer des partenariats publics et privés. C’est dans ce contexte que la startup a été sélectionnée en mars pour intégrer la promotion 2023 de la French Tech Health20. Il s’agit d’un programme d’accompagnement et de soutien des jeunes pousses françaises à fort potentiel d’innovation dans le domaine de la santé. Nosopharm pourra atteindre ces objectifs au sein de cet incubateur.