A l’instar d’autres domaines, le secteur du jeu vidéo pourrait être bouleversé par l’introduction de l’intelligence artificielle (IA). En effet, cette technologie ouvre de nouvelles voies en termes de création et d’immersion. Mais elle suscite également des craintes pour les emplois et la propriété intellectuelle.
L’édition 2023 du Gamescom, le plus grand salon international consacré au jeu vidéo, a eu lieu du mercredi 23 août au dimanche 27 août à Cologne, en Allemagne. Elle a accueilli cette année 320 000 visiteurs venus de 100 pays. Ce fut l’occasion pour ce public de rencontrer les développeurs et les grands studios, dont Nintendo, Ubisoft et Netflix. Les professionnels ont présenté leurs dernières productions, mais ont également débattu sur l’avenir du secteur vidéoludique.
Le ton donné par un développeur finnois
On cœur des discussions : l’intelligence artificielle. Cette technologie propulsée par ChatGPT en fin d’année 2022 annonce de grands changements dans plusieurs domaines. Parmi lesquels la médecine, la distribution, l’industrie, l’art et le cinéma. Aucun secteur n’est épargné. Ainsi, le jeu vidéo devrait connaitre également une révolution. Un développeur finnois du nom de Jussi-Petteri Kemppainen a annoncé les couleurs en début d’année en réalisant une démo d’un jeu vidéo à partir d’images générées par une IA.
Des dialogues plus riches et à l’infini
L’intelligence artificielle a imaginé le modèle 3D du personnage, l’environnement et d’autres éléments artistiques présents dans la vidéo. Le développeur s’est servi de Stable Diffusion de MidJourney pour obtenir un rendu impressionnant, qui fait rêver depuis. On s’imagine notamment en train d’enrichir les dialogues. En effet, avec l’IA, les jeux vidéo pourraient par exemple offrir des interactions à l’infini, au lieu de quelques phrases. Ou conférer des comportements plus humains aux personnages non jouables (PNJ).
Plus d’imprévisibilité et d’immersion
Par ailleurs, les gamers pourraient jouir d’une immersion totale et de plus d’imprévisibilité. Le géant des puces électroniques Nvidia en a donné l’exemple avec ACE, un programme présenté en mai dernier et destiné aux développeurs. Il permet de déployer des personnages intelligents dans leurs jeux. Grâce à de tels programmes, l’IA apportera de l’inattendu et rapprochera le virtuel du réel. De quoi faire dire à certains que cette technologie constitue un véritable tournant pour l’industrie vidéoludique.
Mais des métiers déjà menacés
En outre, l’intelligence artificielle promet de faire évoluer le processus de création du jeu. Les studios utilisent déjà cette innovation pour produire du code ou générer des lignes de storytelling permettant d’enrichir l’histoire. Ils s’en servent aussi pour produire des illustrations à partir d’un simple texte. Mais ces possibilités n’ont pas que de bons côtés. Elles menacent, malheureusement, plusieurs métiers du secteur vidéoludique. A l’image de celui de « concept artist », qui traduit en image les directives des concepteurs.
Et un problème de propriété intellectuelle
Les développeurs peuvent également nourrir de l’inquiétude. Si pour l’instant les algorithmes semblent assez limités, donc nécessitent une main humaine, ils évoluent trop vite pour remplacer les créateurs humains dans un futur très proche. L’intelligence artificielle pose aussi un problème de propriété intellectuelle. Car la plupart des modèles s’entraînent sur des images ou des textes préexistants, parfois protégés. Des plaintes ont déjà été déposées aux Etats Unis contre MidJourney, Stability AI et DeviantArt au sujet de cette violation. L’avenir n’est donc pas totalement rose.