Mangeons-nous de la viande aux hormones depuis fort longtemps ? Epinglé dans un rapport de la Commission européenne, le Brésil a récemment stoppé ses exportations vers l’Europe. Le pays ne pouvant pas prouver que cette viande n’est pas traitée à l’œstradiol 17ß, considéré comme cancérigène.
Le Brésil a décidé de suspendre l’exportation de viande de bœuf dans l’Union européenne (UE), suite à un audit européen mettant au jour des défaillances dans le contrôle qualité et la traçabilité de certaines hormones. En effet, le 16 octobre dernier, la Commission européenne a publié un rapport dans lequel elle affirme que le Brésil n’est pas en mesure de garantir que sa viande n’a pas été traitée avec de l’œstradiol 17ß, une hormone de croissance utilisée dans certains élevages du pays.
Le Brésil autorise de la viande aux hormones
Cette enquête menée au printemps visait à évaluer les contrôles sur les résidus de substances pharmacologiquement actives, les pesticides et autres contaminants dans les animaux et produits d’origine animale. Premier exportateur mondial de viande bovine, le Brésil fournit 25,5% de la viande importée en Europe. Cet Etat d’Amérique du Sud autorise l’utilisation d’hormones, dont l’œstradiol, pour stimuler la prise de masse des animaux d’élevage.
L’œstradiol perturberait le système endocrinien humain et augmenterait les risques de cancer
Aussi appelées « stimulateurs de croissance », ces hormones sont interdites par la Communauté économique européenne depuis 1989 pour des questions sanitaires. Elles perturberaient le système endocrinien humain et augmenteraient les risques de cancer. Selon une source à la Commission européenne, des représentants de la direction Santé de l’UE se sont rendus au Brésil pour une inspection. Ils auraient trouvé certaines défaillances dans le système de contrôle des autorités brésiliennes, en ce qui concernait les génisses auxquelles on administre l’œstradiol, contrairement aux mâles.
La suspension des exportations de viande aux hormones ne résout pas tout le problème
Ce fonctionnaire européen n’a pas donné la quantité exacte de viande concernée, mais suppose qu’elle n’est pas énorme parce qu’on parle de bétail très spécifique. Mais, comme la procédure l’impose en cas de risque réel, le Brésil a suspendu ses exportations de viande en Europe, en attendant de se mettre en conformité avec les réglementations européennes. Toutefois, cette suspension ne résout pas tout le problème, selon les associations de consommateurs.
Foodwatch s’interroge sur la quantité de viande brésilienne traitée à l’œstradiol 17ß
L’ONG Foodwatch, notamment, se pose encore beaucoup de questions. Elle se demande quelle quantité de viande bovine traitée à l’œstradiol 17ß est arrivée dans l’assiette des Européens et depuis combien de temps. Aussi, elle s’interroge sur les autres hormones de croissance interdites en Europe, mais qui passent entre les mailles du filet. Pour Karine Jacquemart, directrice de l’organisation, cette affaire est « un triple scandale : risque sanitaire, fraudes alimentaires et risques liés à l’accord UE-Mercosur ».
Une mauvaise nouvelle pour l’accord de libre-échange UE-Mercosur
Parlant de l’accord de libre-échange UE-Mercosur, les éleveurs européens ont l’impression de subir une injustice après cette révélation. Ils travaillent avec toutes les contraintes que leurs concurrents brésiliens ne subissent pas. Ce scandale survient d’ailleurs au mauvais moment pour le traité commercial, au cœur d’un vif débat. Plus de 620 parlementaires français ont écrit une tribune pour exprimer leur opposition à cet accord avec le Mercosur, dont font partie le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et la Bolivie. Le texte pourrait être signé à la réunion du G20 prévue au Brésil les 17 et 18 novembre.