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Hydroxychloroquine : un nouveau revers pour le Pr Raoult

Après plus de quatre ans de controverse, l’étude sur l’usage de l’hydroxychloroquine contre le Covid, signée notamment du Pr Raoult, a été officiellement invalidée mardi par l’éditeur de la revue qui l’avait publiée en mars 2020. Cette décision vient enfoncer davantage l’infectiologue, traité comme un paria par ses pairs depuis le déclenchement de la crise sanitaire.

L’étude sur l’usage de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19, signée notamment du Pr Didier Raoult, a été officiellement invalidée mardi par l’éditeur de la revue qui l’avait publiée il y a quatre ans. Elsevier – l’éditeur en question – pointe le non-respect de multiples règles, mais aussi la manipulation ou l’interprétation problématique des résultats. D’après la maison de publication, les auteurs n’ont pas argumenté de manière convaincante pour leur défense.

Le Pr Raoult a publié cette étude avec 17 autres chercheurs

En mars 2020, le magazine International journal of antimicrobial agents, publié par Elsevier, l’un des plus gros éditeurs mondiaux de littérature scientifique, avait fait paraître l’étude fondatrice de l’IHU de Marseille sur l’usage de l’hydroxychloroquine contre le Covid. Dans ce travail signé de 18 auteurs, notamment de Philippe Gautret, alors professeur à l’IHU, et du Pr Didier Raoult, directeur à l’époque de cet institut, les chercheurs défendent l’efficacité de l’hydroxychloroquine – dérivé d’un médicament anti-paludique – associée à un antibiotique, l’azithromycine.

L’hydroxychloroquine soutenu par la complosphère

Figure principal de la promotion de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19, Didier Raoult a été discrédité par ses pairs, quand la « complosphère » le soutenait. Il n’a eu cessé de vanter son traitement qu’il présentait comme un bien meilleur produit que les vaccins Pfizer, jugés nocifs par certains. Selon l’infectiologue, des milliers de personnes auraient pu être traités si l’hydroxychloroquine avait été validée par les autorités de la santé. Retraité de l’IHU depuis l’été 2021, il a été interdit d’exercer la médecine durant deux ans, à partir de février 2025.

Le Pr Raoult n’a pas fait courir de risque injustifié aux patients

Toutefois, Didier Raoult n’a reçu qu’un simple blâme en première instance par l’Ordre des médecins. Le  régulateur déontologique de la profession médicale a condamné sa promotion de l’hydroxychloroquine, contraire aux recommandations de la communauté scientifique. Mais elle estime que le biologiste marseillais n’a pas fait courir de risque injustifié aux patients à qui il a prescrit le traitement dans le cadre d’une étude clinique d’ampleur, menée sans feu vert des autorités sanitaires. En dépit de cet avis mesuré, plusieurs scientifiques ont attaqué brutalement l’infectiologue.

Pr Raoult visé par une enquête

Ces chercheurs dénoncent une entorse à l’éthique pour de potentielles erreurs, voire des manipulations. Ils mettent aussi en avant des études scientifiques qui ont établi l’inefficacité de l’hydroxychloroquine contre le Covid, et même pointé de graves effets indésirables, notamment cardiovasculaires. Pour sa part, l’Agence du médicament (ANSM) a saisi la justice sur l’étude Gautret et d’autres publications litigieuses du Pr Raoult pour non-respect des conditions d’expérimentation humaine. Le parquet de Marseille a ouvert une enquête pour des soupçons d’essais cliniques non autorisés.

Une décision tardive mais essentielle

Dans ses explications apportées mercredi, Elsevier relève de son côté des manquements sur le respect de l’éthique de publication, de la conduite appropriée de la recherche et de la méthodologie. Ainsi, émet-il de forts doutes sur les conclusions de l’étude. La Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT) a déclaré dans un communiqué que la rétractation de l’étude « constitue une reconnaissance tardive mais essentielle des dérives scientifiques qui ont mené à la mise en danger des patients ».

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