Le fabricant japonais de semi-conducteurs Rapidus se rapproche de son objectif de graver des puces en 2 nanomètres. Il s’est fait livrer récemment des machines de lithographie EUV pour passer à une production industrielle d’ici 2027, soit deux ans après le leader incontesté, le taïwanais TSMC. De quoi inquiéter ce dernier ?
Rapidus, une entreprise japonaise émergente dans l’industrie des semi-conducteurs, a annoncé cette semaine le lancement de la production expérimentale de puces gravées en 2 nanomètres, avant une production commerciale prévue pour 2027. Cette information n’est pas passé inaperçue, dans un secteur où les principaux acteurs peinent à atteindre la gravure en 2 nm, hormis le taïwanais TSMC.
Rapidus a déjà reçu une machine EUV
Rapidus vient de recevoir une machine de lithographie EUV (Extrême Ultra-Violet) de la part du groupe ASML, basé aux Pays-Bas, et seul fabricant de ces outils qui coûtent plus de 300 millions de dollars. Comme leur nom le suggèrent, les machines de lithographie EUV utilisent l’ultraviolet extrême pour graver des motifs de circuits complexes sur des galettes. Elles sont aussi énormes que chères, mais nécessaires pour la production de semi-conducteurs de nouvelle génération.
Rapidus soutenu par le gouvernement japonais
Cette acquisition fait de Rapidus le premier acteur japonais à posséder ce genre de technologie de pointe. Elle permet à la société de prendre une bonne avance dans la course à la miniaturisation. Le fondeur créé en 2022 doit cet investissement à l’Etat japonais et à des groupes nationaux comme Sony, Toyota, SoftBank, NEC, KIOXIA, NTT et Electronics. Il faut dire que le Japon essaie de reprendre son leadership dans le secteur des semi-conducteurs.
Une question de souveraineté technologique pour Tokyo
Il y a quelques décennies, le pays du Soleil Levant était un acteur majeur dans ce domaine. Puis, il a perdu du terrain au profit des Américains, Coréens et Taïwanais qui dominent désormais le marché. Pour Tokyo, il s’agit avant tout d’une question de souveraineté technologique. Il ne veut plus dépendre d’autres nations pour son approvisionnement en puces avancées. Par ailleurs, il anticipe un conflit éventuel entre la Chine et Taïwan, qui pourrait comprendre la stabilité du marché dans les prochaines années.
IBM a montré un intérêt pour ses procédés de gravure 2 nm
Les Occidentaux suivent aussi de près le développement des tensions dans cette région du monde. Ils pourraient voir d’un bon œil la progression fulgurante de Rapidus, qui offrirait une alternative fiable aux fondeurs Taïwanais et éventuellement chinois. L’entreprise nippone a le soutien de plusieurs entreprises, notamment IBM, qui a montré un intérêt pour ses procédés de gravure 2 nm. Le groupe américain a d’ailleurs déjà signé un partenariat avec Rapidus pour faire passer sa technologie en 2 nm à l’échelle industrielle.
Rapidus a-t-il vraiment les moyens de rivaliser ?
Nvidia, un autre acteur clé dans le domaine des technologies graphiques et de l’intelligence artificielle, a aussi exprimé son intérêt pour Rapidus. Tous souhaitent diversifier leur chaîne d’approvisionnement en semi-conducteurs. Si TSMC demeure le principal fournisseur, sa position se fragilise allégrement. Mais la société japonaise a-t-elle vraiment les moyens de rivaliser ? Elle n’a pas encore débuté la production de masse d’une seule génération de puce. Donc il ne faut pas s’emballer trop vite.