Les autorités égyptiennes ont annoncé jeudi avoir récupéré trois vestiges au large de la baie d’Aboukir, où se situait la cité Canope, qui a totalement été engloutie par la mer. Parmi les objets sortis des eaux se trouvent une statue colossale en quartzite figurant un sphinx et une autre en marbre blanc représentant un noble romain.
Le ministère égyptien du Tourisme et des antiquités a annoncé, le jeudi 21 août, avoir réussi à remonter, de la mer Méditerranée, trois vestiges monumentaux vieux de 2000 ans. Le site archéologique se trouve au large de la baie d’Aboukir (gouvernorat d’Alexandrie), où se situait l’ancienne cité Canope, qui a été totalement engloutie par la mer.
Une statue colossale en quartzite représentant un sphinx portant le cartouche du roi Ramsès II
C’est sous les applaudissements des plongeurs, qui ont contribué à ce travail de recherche, que des grues ont hissé les trois statues à la surface jeudi dans la journée. Ces vestiges renvoyaient ainsi le jour après plus de 1 200 ans sous l’eau. Parmi ces pièces figurent une statue colossale en quartzite figurant un sphinx portant le cartouche du roi Ramsès II (1279-1213 av. J.-C.). Une autre statue en granit représente un personnage inconnu de la fin de l’époque ptolémaïque (332-30 av. J.-C.), dont le cou et les genoux sont brisés. La dernière, en marbre blanc, représente, elle, un noble romain. La plupart de ces vestiges sont incomplets.
Plusieurs autres vestiges repérés
Selon les plongeurs, le site renferme également des réservoirs et bassins taillés dans la roche, destinés à l’aquaculture et au stockage de l’eau domestique. Ils ont également repéré des bâtiments en calcaire, qui auraient servi de lieux de culte, des restes habitations, des structures commerciales et artisanales, un navire marchand, des ancres de pierre et une grue portuaire datant des époques ptolémaïque et romaine. Mais tout ne sera pas remonté à la surface. Le ministre du Tourisme et des Antiquités, Sherif Fathi, a déclaré que seulement quelques pièces sélectionnées selon des critères très stricts sortiront de l’eau. Le reste demeurera le patrimoine subaquatique de l’Égypte, a-t-il précisé.
Il s’agit probablement d’une extension de la partie occidentale de la célèbre cité de Canope
D’après Mohamed Ismail Khaled, secrétaire général du Conseil suprême des antiquités égyptiennes (SCA), cette opération est la première du genre depuis 25 ans. Elle constituerait une étape cruciale dans le cadre d’un projet national visant à développer la baie d’Aboukir. Mohamed Khaled a confirmé que les explorations et fouilles sous-marines se poursuivront sur le site afin de révéler d’autres secrets sur Aboukir. En raison des nombreuses découvertes, qui font penser à une ville complète de l’époque romaine, il pense qu’il s’agit d’une extension de la partie occidentale de la célèbre cité de Canope, dont une partie a déjà été découverte à l’est de la zone.
Alexandrie pourrait connaître le même sort que la cité de Canope
La baie d’Aboukir est l’un des gisements archéologiques les plus importants d’Égypte, voire du monde. Elle pourrait effectivement correspondre à une extension de l’ancienne cité de Canope, haut lieu de la dynastie ptolémaïque (qui régna sur l’Égypte pendant près de trois siècles), puis de l’Empire romain (installé durant environ six siècles).
Canope était réputée dans l’Antiquité pour ses sanctuaires sacrés dédiés à Osiris et à Sérapis, et pour ses célébrations extravagantes sous la domination romaine. Au fil du temps, la ville et le port voisin d’Héracléion ont été englouties par une série de séismes et la montée des eaux. Comme cette ancienne cité, Alexandrie pourrait être également submergée ou inhabitable partiellement d’ici 2050, selon l’ONU.