Faire semblant de combattre une pratique illégale et en tirer secrètement des revenus juteux. C’est ce que fait Meta avec les publicités politiques trompeuses. D’après un rapport du Tech Transparency Project, des escrocs dépensent des millions de dollars pour diffuser des deepfakes et des arnaques sur les plateformes du groupe de Mark Zuckerberg (Facebook et Instagram).
Tout le monde le sait, les deepfakes et les arnaques en tout genre sont interdits sur les réseaux sociaux depuis quelques années. Les plateformes les combattent activement, ou du moins sont censés le faire…Certaines ne résistent malheureusement pas à l’argent proposé quelques fois pour publier ce type de contenus. C’est ce que relève un rapport du Tech Transparency Project (TTP).
Une explosion des publicités sociales et politiques frauduleuses générées par IA
Selon cette enquête publiée mercredi dernier par le Tech Transparency Project (TTP), les publicités sociales et politiques frauduleuses générées par l’intelligence artificielle (IA) connaissent une véritable explosion sur Facebook et Instagram. Des annonceurs malveillants utilisent de plus en plus de vidéos truquées de personnalités comme Donald Trump et Elon Musk pour promouvoir notamment de prétendus chèques de relance ou des cartes d’aide gouvernementale américaine.
Meta valide et empoche d’abord l’argent avant de retirer les publicités mensongères
Cet été, par exemple, un faux discours de la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, promettait un chèque d’aide de 5 000 dollars à des milliers d’internautes nord-américains. Mais il s’agissait d’escroquer des citoyens américains, généralement des personnes âgées. D’autres vidéos ont fait parler Bernie Sanders, Elizabeth Warren ou encore Donald Trump à propos de programmes de subventions inexistants. Toutes ces annonces, validées par Facebook et Instagram, étaient payantes.
Le TTP dit avoir identifié 63 annonceurs suspects ayant diffusé collectivement plus de 150 000 publicités politiques sur les plateformes de Meta. Selon l’organisation de surveillance des réseaux sociaux, ces comptes d’escrocs ont collectivement dépensé 49 millions de dollars au total depuis 2018, pour promouvoir leurs contenus sur Facebook et Instagram. Ces campagnes ont touché des dizaines de milliers d’utilisateurs.
Meta a désactivé seulement 35 comptes publicitaires
Meta assure avoir retiré ces contenus pour cause de désinformation. Selon le rapport de TTP, le groupe de Menlo Park a effectivement désactivé 35 comptes publicitaires, mais seulement après qu’il a diffusé des dizaines, voire des centaines d’annonces, et reçu des millions de dollars.
Certains annonceurs agissant aux États-Unis se trouveraient même dans des pays lointains comme le Bangladesh, le Vietnam et la Thaïlande. Si ces acteurs parviennent à se glisser dans l’écosystème publicitaire de Meta en Amérique, c’est en partie parce que l’examen initial des annonces se fait via un système automatisé, donc sans véritable contrôle humain.
Les campagnes sociopolitiques frauduleuses contribuent à la croissance du marché publicitaire
Officiellement, Meta interdit les pratiques commerciales trompeuses et exige des annonceurs politiques de prouver leur identité avec une pièce d’identité et une adresse américaine. Mais dans les faits, l’entreprise de Mark Zuckerberg lève régulièrement le pied sur ses règles.
Ce laxisme s’explique sans doute par l’importance des revenus générés par les campagnes sociopolitiques. Celles-ci contribuent fortement à la croissance du marché publicitaire, avec une hausse de 22 % en 2024 chez Meta, pour 160 milliards de dollars au total. Mais la gloutonnerie de Meta pourrait lui coûter cher. Plusieurs législateurs américains s’intéressent à sa politique publicitaire, spécialement ses publicités sociales et politiques frauduleuses.