SMIC, première fonderie chinoise, a déclaré vendredi que les droits de douane de Donald Trump n’ont pas conduit à l’« atterrissage brutal » qu’elle craignait initialement et que la forte demande intérieure maintiendrait sa capacité de production restreinte jusqu’en octobre. Au-delà de cette entreprise, c’est toute la Chine qui réussit à absorber le premier choc de la politique tarifaire de Washington.
Même pas mal ! Semiconductor Manufacturing International Corp (SMIC), première fonderie chinoise, annonce avoir plutôt bien encaissé le premier impact des droits de douane imposés par Donald Trump à la Chine. Son co-PDG Zhao Haijun a déclaré vendredi, lors d’une conférence téléphonique après la publication de résultats financiers, que la politique tarifaire américaine n’a pas conduit à un « atterrissage brutal » que l’entreprise craignait initialement. Il assure également qu’une forte demande intérieure maintiendrait sa capacité de production restreinte jusqu’en octobre.
Donald Trump a sévèrement puni la Chine
Le 2 avril dernier, depuis la Maison Blanche, Donald Trump a annoncé une série de droits de douane pour, dit-il, rééquilibrer la balance commerciale avec plusieurs pays. La Chine figurait parmi les pays sévèrement punis. En effet, elle s’est vue infliger une hausse des tarifs douaniers de 120%, là où l’Union européenne par exemple prenait seulement 30%. Visiblement obsédé par le géant asiatique, Trump a ensuite porté ces taxes à 145 %. Face à l’échec des négociations, Pékin a dû à son tour augmenter les droits de douane supplémentaires sur les produits américains à 125 %. Depuis, le bras de fer se poursuit. Mais le président américain a imposé lundi une nouvelle trêve de 90 jours.
« Tout le monde a constitué des stocks suffisants pour cette année » en prévision des droits de douane
À court terme, Zhao Haijun pense que la politique tarifaire de Washington aurait un impact moindre sur les activités de SMIC, grâce aux plans d’urgence élaborés après l’annonce de ces taxes en avril. « Après ces derniers mois, tout le monde a soit constitué des stocks suffisants pour cette année et l’année prochaine, soit trouvé d’autres fournisseurs », a-t’il expliqué. Fort de cette précaution, le dirigeant croit que « l’impact deviendra encore plus faible. ». Il prévient toutefois contre des hausses de prix pour les clients en cas de dégel des mesures douanières. « Les cycles tarifaires précédents avaient conduit à des augmentations de coûts de moins de 10 % pour les clients étrangers » a souligné Zhao.
SMIC figurait sur la liste noire du département américain du Commerce en 2020
Mercredi 6 août, à la veille de l’entrée en vigueur effective des droits de douane pour la plupart des pays, Donald Trump avait promis d’imposer des tarifs d’environ 100 % sur les importations de semi-conducteurs. Le président américain a toutefois exclu les sociétés qui produisent leurs puces aux États-Unis ou se sont engagées à le faire. SMIC n’a pas de sites de production au pays de l’Oncle Sam. L’entreprise figurait déjà sur la liste noire du département américain du Commerce en 2020, lors de la première guerre commerciale entre les Washington et Pékin. C’était pendant le premier mandat de Donald Trump.
Croissance des ventes chinoises malgré les droits de douane américains
SMIC s’en est sorti plutôt bien au premier semestre en grande partie parce que la Chine est son marché principal, avec 84 % de son chiffre d’affaires au deuxième trimestre, soit un niveau stable par rapport au premier. Les États-Unis ont représenté 12,9 % au second trimestre, en légère hausse par rapport aux 12,6 % du précédent. Le CA du fondeur chinois au deuxième trimestre a progressé de 16,2 % sur un an, pour atteindre 2,2 milliards de dollars. Zhao a déclaré que sa capacité de production restait toutefois insuffisante et serait limitée jusqu’en octobre en raison de la forte demande nationale pour les puces analogiques, WiFi, Ethernet et les puces de contrôleur pour la mémoire.
La Chine contourne les droits de douane en faisant transiter ses produits par d’autres pays
Au-delà de SMIC, c’est toute l’économie chinoise qui a amoindri l’effet des droits de douane américains. En effet, les exportations chinoises ont progressé de 7,2 % en juillet, dépassant les prévisions. Les exportations de puces, en particulier, affichent une envolée de 29,2 % sur un an en juillet. Cette croissance des ventes de produits chinois s’appuient sur une augmentation des exportations vers l’Europe, l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie du sud-est. Pékin a renforcé ces débouchés depuis l’annonce des tarifs douaniers. Il fait aussi transiter ses produits par d’autres marchés pour mieux les vendre aux États-Unis. Face à ce contournement, Donald Trump a prévu une surtaxe sur les produits chinois ayant transité par un autre pays avant d’atteindre le sol américain.