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Kindle : Amazon intègre un accompagnateur de lecture IA

Amazon a récemment intégré, en toute discrétion, une nouvelle fonctionnalité IA dans son app Kindle iOS, qui risque de fâcher pas mal d’écrivains et d’éditeurs. Baptisé « Ask this Book », ce chatbot propose notamment un résumé des pages déjà lues et un rappel sur les protagonistes, à la demande du lecteur. Face aux critiques sur les violations du copyright, le géant du e-commerce se défend de proposer un contenu qu’on ne peut copier ni partager. Mais ces justifications suffiront-ils à lui éviter des poursuites judiciaires ?

Trois mois après en avoir fait l’annonce en grande pompe lors d’un évènement presse, Amazon informe qu’il a déployé des fonctionnalités d’intelligence artificielle au sein de son catalogue Kindle, sans laisser le choix à personne. Parmi ces nouveautés figure « Ask this Book » (« Demandez au livre »). Ce chatbot IA intégré directement dans les bouquins permet de poser diverses questions, notamment sur les personnages, l’intrigue, les thèmes, et même de demander de petits résumés. Les réponses sont instantanées et précises.

Ask this Book, un « assistant de lecture expert »

Amazon présente Ask this Book comme un « assistant de lecture expert ». Avec ce compagnon virtuel, détaille le groupe, le lecteur peut mettre en surbrillance un passage ou ouvrir le menu du livre, puis choisir une question suggérée ou en saisir une de son choix. Il peut poser des questions sur les rapports entre deux personnages, ce qui se passe dans tel ou tel chapitre ou réclamer un résumé de pages déjà lues pour pouvoir comprendre l’histoire et mieux poursuivre la lecture. Le chatbot répond sur la page même de l’appli consacrée au livre en question, et le fait en contexte, sans renvoyer vers une recherche externe.

Impossible de copier et de partager les réponses générées sur Kindle

Amazon précise que son intelligence artificielle ne fait pas de spoilers. Autrement dit, l’outil ne vend pas la mèche, même si la question du lecteur implique de tout dévoiler, au point de gâcher la surprise. Les réponses « ne révèlent que ce qui se situe jusqu’à votre position de lecture », assure l’e-marchand. L’entreprise ajoute qu’on ne peut copier ni partager les réponses, et que seuls les acheteurs ou abonnés Kindle Unlimited y ont accès. Pour le moment, la fonction est uniquement disponible aux États-Unis, pour des milliers de livres en anglais. Elle arrivera sur les appareils Kindle et Android en 2026, sans plus de précisions sur le déploiement mondial.

Amazon n’a signé aucun accord avec les éditeurs et représentants des auteurs

De prime abord, Ask this Book est un outil pratique. Il permet de reprendre sans difficultés de compréhension un bouquin après plusieurs semaines de coupure. Grâce à lui, on peut rapidement se souvenir des personnages et de l’intrigue et poursuivre aisément sa lecture. Mais il y’a un gros problème. Amazon n’a signé aucun accord avec les éditeurs et représentants des auteurs. Aussi, le géant du e-commerce refuse de dévoiler les conditions légales et les détails techniques dans l’utilisation des textes pour nourrir son chatbot et entraîner ses autres modèles. Les écrivains vont probablement considérer tout cela comme une violation directe du copyright.

Ask this Book rend Kindle plus attractif et fidélise les clients

Aux États-Unis, le Copyright Act permet au titulaire exclusif des droits d’un livre de reproduire l’ouvrage et de préparer des œuvres dérivées. Mais Amazon pourrait s’appuyer sur le fair use, une exception qui autorise l’utilisation d’œuvres protégées sans permission pour des objectifs comme la critique, l’enseignement ou la recherche. Cette possibilité repose sur quatre facteurs : le but et le caractère de l’usage, la nature de l’œuvre, la quantité utilisée, et l’impact sur le marché potentiel de l’œuvre originale.

D’ailleurs, l’e-commerçant met en avant le caractère contextuel et l’absence de diffusion. Il relève que Ask this Book répond « dans la page », pour un lecteur déjà légitime, et évoque également l’impossibilité de spoiler, de copier ou de partager le contenu. C’est grâce à ces arguments que Google Books a remporté une victoire en 2015 devant une Cour d’appel aux États-Unis. Toutefois, dans le cas d’Amazon, les auteurs pourraient faire valoir l’usage commercial car Ask this Book rend Kindle plus attractif et fidélise les clients. Ainsi, il y aurait préjudices pour les écrivains.

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