Une enquête du Wall Street Journal accable le réseau social pour ses traitements différenciés des abonnés selon leur statut social. De quoi relancer les accusations au sujet de la politique de modération de la plateforme.
Selon que vous soyez influent ou non, Facebook vous sanctionnera ou au contraire vous épargnera. Eh oui, la politique du deux poids deux mesures prévaut bien chez le leader des réseaux sociaux malgré ses dénégations. La plateforme californienne ne traite pas ses utilisateurs de la même façon, à en croire une enquête du Wall Street Journal (WSJ) lundi 13 septembre. Le journal américain qui se fonde sur des documents confidentiels obtenus d’une source interne à l’entreprise, révèle que contrairement à ce que Facebook ne cesse clamer, sa politique de modération est bien à la tête de l’utilisateur.
Ainsi, quand le réseau social bannit en principe les contenus complotistes ou ceux promouvant le body shaming par exemple sur sa plateforme, un utilisateur coupable de ces infractions peut bien échapper aux sanctions pour peu qu’il soit célèbre ou influent dans un secteur donné. Cela peut être le sport, la politique, la musique, etc.
Vérification croisée
Le programme duquel s’inspire cette pratique problématique révélée par le WSJ est intitulé Cross Check ou vérification croisée en français. Lancé en 2018, il consiste selon Facebook à passer en revue les contenus publiés sur la plateforme par certains utilisateurs plus de fois que lorsqu’il s’agit d’un abonné lambda. L’humain est notamment mis à contribution en plus de l’intelligence artificielle qui intervient au premier niveau. Rien d’assimilable donc à un passe-droit, à en croire le groupe de Mark Zuckerberg. Sauf qu’il y a un hic quelque part.
Cela tient à l’effectif des modérateurs humains de Facebook bien souvent insuffisant pour cette tâche pour le moins immense. Le temps de procéder à leur examen cas par cas, des contenus problématiques censés être retirés systématiquement le sont après avoir massivement circulé sur la plateforme, causant tous les préjudices possibles pour les victimes.
C’est le cas pour l’auteure des accusations de viol contre Neymar en 2019 dont les photos nues s’étaient retrouvées sur l’Instagram de la star brésilienne. Ce qui devait normalement valoir à son auteur une suspension de son compte n’a donné lieu qu’à la suppression des photos incriminées, 24 heures plus tard. Soit 56 millions de vue après.
Facebook s’en défend, mais ce Cross Check vient accréditer l’idée d’un traitement privilégié des utilisateurs agitée dans la foulée de la suspension de Donald Trump par le réseau social en début d’année.