Comme on s’en doutait, le conseil d’administration de Warner Bros a appelé les actionnaires du groupe à rejeter l’offre de rachat de Paramount Skydance s’élevant à 108,4 milliards de dollars. Cette offre ne serait pas dans l’intérêt de la compagnie et « serait même trop risquée ». En revanche, les administrateurs pressent les investisseurs d’accepter la proposition de Netflix, qui met pourtant sur la table 82,7 milliards de dollars.
Après plus de deux mois de guéguerre, Netflix a fait une proposition de rachat partiel de 82,7 milliards de dollars à Warner Bros. Discovery (WBD), le vendredi 5 décembre, pour l’acquisition de ses activités cinéma (Warner Bros Studios) et streaming (HBO et HBO Max). Trois jours plus tard, le lundi 8 décembre, Paramount Skydance a riposté avec une OPA hostile de 108 milliards de dollars pour reprendre l’intégralité de la société. Après réception de cette offre, qu’elle a jugé non sollicitée, WBD a dit vouloir étudier les deux dossiers de plus près pour donner une réponse sous dix jours, soit avant le 19 décembre.
Le conseil d’administration de Warner Bros préfère la proposition de Netflix
Warner Bros a tenu promesse. Dans un communiqué publié mercredi, le conseil d’administration de la compagnie appelle les actionnaires à rejeter l’offre de rachat de Paramount Skydance et les presse parallèlement d’accepter celle de Netflix. Il explique que la proposition de Paramount « n’est pas dans l’intérêt de WBD ». Selon le conseil, Paramount a « constamment induit en erreur » les actionnaires en affirmant que l’offre en numéraire de 30 dollars était garantie et soutenue par la famille Ellison. « Ce n’est pas le cas, et cela ne l’a jamais été », assurent les administrateurs.
Paramount reposerait son offre sur des engagements inexistants
Le conseil d’administration de Warner Bros fait également valoir que l’offre de Paramount comporte « de nombreux risques importants ». Selon lui, le groupe dit pouvoir s’appuyer sur la fortune de son fondateur Larry Ellison, estimée à 240 milliards de dollars, alors que dans les faits il ne vaut que 15 milliards en Bourse, loin des 72 milliards de Warner et des 400 milliards de Netflix. Le conseil note par ailleurs que la proposition la plus récente de Paramount Skydance compte un engagement de fonds de 40,65 milliards de dollars de la famille Ellison, qui « ne s’est aucunement engagée ». Il note enfin que le groupe aux 22 étoiles disposées en arc a reposé son offre « sur un fond inconnu et opaque à la fiabilité trop incertaine pour un accord aussi crucial ».
Netflix promet de maintenir le modèle de Warner Bros
Ce fonds privé dont parle Warner Bros est celui de Jared Kushner, beau-fils de Donald Trump. Mais ce véhicule d’investissement s’est retiré de l’offre de Paramount, faisant perdre au passage les financements de trois monarchies du Golfe (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis et Qatar). Comme on pourrait s’y attendre, Netflix a acclamé la décision de Warner Bros. Celle-ci démontrerait que l’acquisition par le géant du streaming « est dans le meilleur intérêt des actionnaires », selon son co-PDG Ted Sarandos, Le dirigeant assure au passage que son groupe conservera l’identité de WBD en maintenant les sorties en salles, alors que l’industrie craint que Netflix privilégie sa plateforme pour les lancements de films.
Des risques de monopole en vue
Si l’avis du conseil d’administration de WBD constitue une grande victoire pour Netflix, rien n’est encore joué. D’abord, parce que Paramount pourrait revenir à la charge avec une offre plus forte et plus rassurante pour les investisseurs de Warner Bros. Ces derniers devraient voter au printemps ou au début de l’été prochain. Il faut également noter que les régulateurs américains et européens pourraient bloquer le rachat de Warner Bros par Netflix en raison des risques de monopole. En effet, il s’agit de l’union entre le premier et le troisième acteur audiovisuel. Enfin, il y a le facteur Donald Trump, dont l’administration aura le dernier mot. Le président américain aurait pu choisir l’offre de Paramount pour mettre la main sur la chaîne CNN, propriété de Warner Bros, dont il critique la ligne éditoriale. Mais son gendre n’est plus sur le coup.





