Le réseau social autorise désormais les appels à la violence dans certains pays, contre tout acteur russe impliqué dans l’invasion de l’Ukraine. Un allègement de sa politique de modération de contenus qui bien que temporaire, pourrait constituer un précédent.
Vous souhaitez appeler sur Facebook ou Instagram, à la mort de Vladimir Poutine, l’ancien espion KGB devenu chef de guerre en Ukraine ? À votre aise ! Rien ne vous empêche non plus d’appeler l’armée russe à l’échafaud sur réseaux sociaux. Rien à condition de ne pas laisser transparaître une preuve du passage effectif à l’acte dans votre appel. Ou que ce dernier ne soit pas jugé suffisamment crédible par les plateformes en question.
Vous devez par ailleurs résider dans un certain nombre de pays, dont l’Arménie, l’Azerbaïdjan, l’Estonie, la Géorgie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Russie, la Slovaquie et l’Ukraine pour avoir droit à une telle transgression des règles d’utilisation des plateformes indiquées.
Assouplissement temporaire
Meta, propriétaire des deux réseaux sociaux, a en effet décidé d’assouplir ses règles d’utilisation en laissant temporairement libre cours aux contenus violents habituellement sanctionnés par ses modérateurs. L’information dévoilée en exclusivité par Reuters après consultation d’un mémo interne de l’entreprise jeudi 10 mars dans la soirée a été confirmée plus tard par les responsables à travers un communiqué.
« Suite à l’invasion russe de l’Ukraine, nous autorisons temporairement des formes d’expression politique qui violeraient normalement nos règles », peut-on lire dans le document signé du porte-parole, Andy Stone qui rappelle que les appels crédibles à la violence contre les civils russes restent interdits.
Positionnement sans précédent
C’est un positionnement sans précédent du leader des réseaux sociaux dans un conflit, en l’occurrence la guerre russo-ukrainienne déclenchée par Moscou depuis le jeudi 24 février. Une façon de s’engager du côté du peuple ukrainien aujourd’hui en proie aux bombardements de son puissant voisin. Cela fait voler en éclats le principe de neutralité tant revendiquée de façon hypocrite dans le passé par Facebook pour refuser de s’engager dans des situations éminemment politiques. On se rappelle encore le laisser-aller dont a longtemps profité Donald Trump et ses ouailles sur la plateforme dans le sillage de la dernière présidentielle américaine. Avec pour conséquence, l’attaque meurtrière du Capitole.
Reste pour Facebook déjà interdit en Russie, à en assumer les conséquences. Car la crédibilité d’un appel à la violence n’est pas évidente à déterminer. Mark Zuckerberg et les siens pourraient donc avoir ouvert la boîte de pandore. Moscou crie déjà à une décision « extrémiste ».