Les robots mobiles autonomes (AMR), maillons essentiels de l’industrie 4.0 et de la logistique 4.0, ne font toujours pas leur trou en France. Ces robots intelligents présentent pourtant de nombreux atouts de productivité dans une période de forte tension de recrutement et d’essor des commandes e-commerce.
L’AMR, type de robot qui comprend et se déplace dans son environnement sans être surveillé par un opérateur ou limité à un parcours fixe et prédéterminé, ne suscite pas encore d’adhésion réelle des acteurs logistiques français. Si quelques entreprises 3PL (logistique tierce ou logistique externalisée) ont intégré ces robots dans leurs entrepôts, la majorité des projets stagnent dans le secteur de l’innovation, en particulier concernant l’interaction des robots mobiles autonomes avec les opérateurs.
La société experte des tendances technologiques émergentes BIS Research prévoyait pourtant une hausse constante de la valeur du marché des AMR de 2019 à 2023. Une croissance qui devait être portée par l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie Pacifique.
Dans son étude de mars 2022, le groupe de recherche et de conseil LogisticsIQ est toutefois optimiste en affirmant que le marché des robots mobiles (AMR et AGV confondus) devrait atteindre plus de 18 milliards d’euros en 2027.
LogisticsIQ, a également ciblé les pays précurseurs qui domineront la production et les usages des robots intelligents ces 10 prochaines années. Ce sont les Etats-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine et le Japon. La France n’y est pas encore.
Plusieurs raisons expliquent le retard de l’Hexagone vis-à-vis des robots mobiles autonomes. L’industrie française s’est tout d’abord peu développée ces dernières décennies, comparé aux autres grands pays. Or, c’est dans ce secteur que la robotique s’est déployée à travers le monde.
Fragilisé dans l’industrie, la France conserve toutefois une force de frappe dans la logistique. Et avec l’avènement des commandes e-commerce, le secteur doit aujourd’hui répondre à de grands enjeux de productivité. Problème : la logistique est culturellement perçue comme un centre de coût, à l’inverse de l’industrie. Les investissements sont donc moins fréquents.
En parlant d’investissement, un autre grand frein au déploiement des AMR est lié à leurs ROI (retour sur investissement) incertains. D’après l’opérateur de technologies digitales pour les entreprises et expert en AMR Hub one, « l’accent a été mis ces dernières années sur des systèmes automatisés aux taux de productivité garantis, que ce soient des robots de type AGV, ou des solutions robotiques opérant en milieu restreint ou fermé, protégé de toute interaction humaine, principalement destinées à l’automatisation du picking. Le ROI est au premier abord moins évident à démontrer pour des projets AMR, qui, par nature, évoluent dans des environnements ouverts, au milieu des humains ».
Malgré ces constats, le marché français risque d’exploser au regard des diverses possibilités offertes par ces robots intelligents. Arrivés à maturité technologique, les AMR supplantent tout d’abord les AGV (robots mobiles contraints de suivre des marquages au sol dans les entrepôts et les usines) en planifiant leur propre route et en s’adaptant plus facilement aux environnements de l’usine.
Cette technologie monte aussi en puissance en bénéficiant de la réduction des coûts et de l’efficacité des dernières générations de capteurs (systèmes de vision et radars), de moyens de communication (Wifi et 5G) et de traitements de données en temps réel (algorithme de navigation SLAM – Simultaneous Localization and Mapping). Ces évolutions permettent aux AMR de circuler en toute sécurité aux côtés des humains. De quoi rassurer les professionnels, et en particulier ceux de la logistique, quant à la viabilité de ces robots dans leurs environnements.
Avec la croissance des flux logistiques liés au e-commerce, de plus en plus d’entreprises françaises automatisent leurs entrepôts et usines pour absorber rapidement une hausse d’activité. Cela tombe bien puisque les AMR présentent des atouts pour flexibiliser ces sites Aussi, leur grande autonomie est synonyme de productivité accrue.
Depuis la pandémie de Covid-19, la demande de livraison à domicile de colis ne cesse d’augmenter. En conséquence, les professionnels du secteur reçoivent notamment de plus en plus de petits paquets qu’il faut trier, déplacer, stocker… Des tâches répétitives et chronophages qui peuvent aujourd’hui être assurées par les AMR.
Selon Hub One, le développement des robots mobiles autonomes passera essentiellement par le regard que l’on pose sur eux. « Pour optimiser leur ROI, les AMR doivent être intégrés aux process métiers et s’adapter aux enjeux réels des entrepôts. Par exemple, les robots seraient un moyen efficace d’automatiser la fin de chaîne. Dans un contexte de pénurie du personnel, il serait plus opportun de concentrer les ressources humaines sur des tâches à forte valeur ajoutée et de confier le transport continu de palettes à des AMR par exemple ».