Les puces électroniques introuvables sur le marché depuis de nombreux mois pourraient voir leur pénurie se prolonger au-delà des prévisions initiales. De quoi en rajouter à la difficulté des grands groupes qui en ont besoin pour leurs industries.
Pour la filière des semi-conducteurs, la reprise n’est pas pour demain. Le retour à la normale dans ce secteur dont dépendent plusieurs firmes industrielles de grande envergure pourrait prendre encore jusqu’à deux ans, à en croire le groupe Mirabaud. L’entreprise suisse spécialisée dans la finance estime en effet que la chaîne de production de ces puces essentielles à la fabrication de nombre d’appareils électroniques est si complexe qu’une reprise des activités trop accélérée de la part des fondeurs pourrait porter préjudice au secteur. Il convient donc d’y aller le plus sûrement possible même si la demande est forte.
C’est pourquoi, contrairement à certaines prévisions, Mirabaud ne table pas sur un retour à la normale du rythme de production avant 2023. Au même titre que les patrons des firmes automobiles Daimler et Stellantis qui s’étaient récemment montrés eux aussi assez pessimistes quant à une reprise à la normale chez les fondeurs dès l’année prochaine telle qu’envisagée par Infineon, leader allemand du secteur.
De faux espoirs
Le groupe de Neubiberg lui aussi durement frappé par la pénurie en cours, s’était en effet montré un chouia optimiste, encouragé par l’augmentation de la capacité productrice dans ses usines. D’autres acteurs avaient également agité, compte tenu du besoin, l’idée d’une réaffectation de la chaîne de production des puces en consacrant tel type de semi-conducteur à un secteur autre que celui auquel il était à l’origine destiné. Les secteurs jugés prioritaires – quels sont-ils en réalité ? – seraient ainsi servis avant le reste.
Mais une telle stratégie n’est tout simplement pas réaliste, selon Mirabaud. Le groupe helvète parle d’une légende urbaine qui ne résiste guère à la réalité complexe de la fabrication des puces électroniques.
Le calvaire se poursuit
Mirabaud vient donc doucher le peu d’espoir nourri à la fois par les fondeurs et les consommateurs des semi-conducteurs dont les industries continuent de fermer les unes après les autres à travers le monde faute de puces disponibles. La pénurie est telle que la nouvelle administration américaine y a consacré un sommet spécial il y a quelques mois. L’Europe elle aussi se mobilise pour favoriser l’approvisionnement à ses fondeurs. La situation actuelle causée par la crise du Coronavirus ayant accru l’impératif pour les États à œuvrer pour une souveraineté dans ce domaine.