Alors qu’on ne guérit toujours pas du VIH-Sida, quarante ans après la découverte du virus, un vaccin à ADN suscite de l’espoir à Nantes. Des chercheurs du Centre hospitalier universitaire de la ville ont obtenu des résultats prometteurs avec ce traitement innovant.
Depuis son apparition dans les années 1970, le VIH a tué plus de 35 millions de personnes dans le monde, selon l’ONUSIDA. Mais le nombre de décès annuel ne cesse de baisser au fil du temps grâce aux avancées médicales. Notamment aux antirétroviraux, qui permettent à un séropositif de vivre avec la maladie. Il existe aussi un traitement préventif, la prophylaxie pré-exposition (PrEP), qui ralentit la transmission du virus. Autorisée au Kenya depuis 2017 par l’OMS, dans un cadre expérimental, la PrEP a permis de réduire de près de moitié le nombre de nouvelles infections.
Des cas exceptionnels de guérison du VIH-Sida
Mais il s’agit bien d’un traitement préventif et non curatif. A ce jour, l’on ne guérit pas du VIH-Sida, sauf exception. Il y a eu seulement cinq cas de guérison complète confirmés dans le monde depuis l’apparition du virus. Ce sont pour la plupart des patients ayant bénéficié d’une greffe de moelle pour une autre maladie, comme le cancer. Pour le reste, on a affaire à des rémissions de l’infection. Autrement dit, les malades ont toujours dans leur organisme des traces du VIH, mais celui-ci reste sous contrôle. Donc incapable de nuire et de se transmettre. L’objectif des scientifiques aujourd’hui est de concevoir un vaccin qui détruit le virus et efface totalement ses traces une fois administré.
Plusieurs pistes étudiées dans le monde
On plusieurs initiatives, notamment à partir de cellules tueuses naturelles (ou «NK», pour «natural killer»), d’anticorps monoclonaux ou d’anticorps neutralisants à large spectre. Si des résultats positifs ont été obtenus, il subsiste un problème : la capacité du virus à muter. Des scientifiques ont alors eu l’idée de travailler sur des vaccins à ARN et à ADN. Propulsé lors du Covid-19, ces vaccins concontrent aujourd’hui tous les espoirs. Ils fonctionnement à peu près sur le même principe. A savoir injecter au patient des molécules (d’ADN ou d’ARN) correspondant aux fragments de l’agent infectieux contre lequel on souhaite l’immuniser. Après injection, les cellules de l’individu fabriquent elles-mêmes les protéines capables de stimuler la réponse immunitaire directement.
Des vaccins à acides nucléiques prometteurs
Au Centre hospitalier de Nantes, une équipe de chercheurs vient d’obtenir des résultats très prometteurs sur un vaccin à ADN. Ce vaccin à acides nucléiques cible le VIH-Sida, mais également le carcinome hépatocellulaire. Il permet la fabrication d’un antigène par l’organisme lui-même. La synthèse de cet antigène déclenche la réaction immunitaire et initie la fabrication d’anticorps qui empêchent l’interaction entre le virus et la protéine CD4 des cellules immunitaires lymphocytes. Un peu comme chez les humains qui synthétisent des anticorps neutralisant à spectre large et guérissent seuls de la maladie.
Le vecteur 704, véhicule de transmission
Pour déclencher la réponse immunitaire, les chercheurs français ont dû introduire l’ADN au bon endroit, c’est-à-dire dans le noyau (dans le cytoplasme pour l’ARN). Ils ont conçu un moyen de transport chargé positivement et de taille assez petite pour se faufiler à travers la membrane cellulaire. Ce véhicule c’est le vecteur 704, un polymère dont les branches en forme d’étoiles servent de supports aux brins d’ADN à transporter. Grâce à ce convoyeur, l’ADN peut empêcher la rétrotranscription du VIH directement dans le noyau des cellules infectées et donc bloquer rapidement sa réplication ainsi que sa mutation.
Des vaccins contre le VIH-Sida pas avant la fin de la décennie
Si les résultats sont positifs, il ne faut pas s’attendre à voir ces vaccins sur le marché dans les prochaines années. On pense qu’un traitement contre le VIH-Sida ne sera pas disponible avant 2030, le temps de franchir les dernières étapes de développement et trouver les financements. En attendant, il faudra éduquer la population, qui pense que les vaccins à ADN ou à ARN messager modifient le génome humain. Elle pourrait se montrer réfractaire comme avec le vaccin du Covid-19.