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Exploration spatiale : bientôt des voyages plus rapides avec la fusion nucléaire ?

Une startup britannique, Pulsar Fusion, veut accélérer l’exploration spatiale grâce à la fusion nucléaire. Elle a développé une flotte de fusées réutilisables, surnommées Sunbirds, basées sur cette technologie et capables de réduire considérablement les temps de voyage dans le système solaire. Mais il faudra d’abord passer de la théorie à la pratique. Et cela ne se fera pas avant une bonne décennie.

Le plus grand défi de l’exploration spatiale, c’est la réduction du temps de trajet. Les fusées et autres appareils fabriqués par les hommes mettent trop de temps en chemin pour nous permettre d’aller très loin dans l’univers, en l’espace d’une vie. Mais une startup britannique assure pouvoir réduire de moitié les temps mis grâce à la fusion nucléaire. Elle compte utiliser cette technologie pour fabriquer une flotte de fusées réutilisables, surnommées Sunbirds, capables de réduire considérablement la durée de voyage dans le système solaire.

Qu’est ce que la fusion nucléaire ?

Pour rappel, la fusion nucléaire consiste à fusionner des noyaux atomiques légers pour libérer une énergie colossale. Cette technique a déjà été pensée par d’autres scientifiques. Des chercheurs ont même envisagé cette méthode dès les années 1950 pour améliorer l’efficacité des voyages spatiaux. La NASA y a également pensé dans les années 1970. Mais ce projet ambitieux a englouti énormément d’argent. Ce qui a poussé l’agence a jeté l’éponge. Pulsar Fusion dit avoir évité ce mur d’échec en collaborant étroitement avec des institutions de renom pour son financement adéquat.

Des fusées alimentées par un moteur de fusion nucléaire innovant

Baptisée Pulsar Fusion, cette entreprise dit pouvoir développer ses fusées Sunbirds avec un moteur de fusion nucléaire innovant, le Duel Direct Fusion Drive (DDFD). Contrairement aux réacteurs de fusion actuels, qui cherchent à produire de l’énergie en continu, ces moteurs DDFD fonctionneraient par impulsions courtes. Ils s’appuieraient pour cela sur un mélange de deutérium et d’hélium-3 -un isotope rare- pour générer des protons propulsifs. Cette réaction est plus simple à réaliser dans l’espace, car y bénéficiant de conditions naturelles de vide et de températures extrêmement basses.

Les temps de voyage seront divisés par deux

Parce qu’ils fonctionnent par impulsions courtes, les moteurs DDFD réduisent également les contraintes techniques. En effet, les protons produits sont directement utilisés pour la propulsion, offrant des vitesses d’éjection plus élevées que celles des moteurs traditionnels (800 000 km/h). Grâce à cette grande vitesse, on pourrait à l’avenir réaliser un voyage vers Mars en seulement quatre mois, contre sept à huit mois aujourd’hui, assure Pulsar Fusion. Ainsi, Saturne pourrait être atteint en deux ans, contre quatre actuellement, et Pluton en quatre ans au lieu de huit de nos jours.

La vitesse induite par la fusion nucléaire réduira l’exposition des astronautes aux rayons cosmiques

Cette prouesse technologique fait déjà rêver. Elle raccourcirait le temps de voyage des astronautes et réduirait leur exposition aux rayons cosmiques. Mais comment se passera exactement un voyage avec ces Sunbirds ? D’après Pulsar Fusion, ces appareils de 30 mètres de long agiront comme des « remorqueurs spatiaux », attachés à d’autres engins spatiaux comme des fusées traditionnelles. Pour faciliter leur emploi, on pourrait les stocker sur une plateforme en orbite. De là, ils propulseraient d’autres engins. Cette approche permettrait d’ailleurs de réduire les coûts des missions spatiales longues distances.

Des essais prévus cette année dans des chambres à vide géantes en Angleterre

Ces fusées réutilisables serviraient également de batteries spatiales, alimentant les systèmes des vaisseaux auxquels elles sont attachées. Pulsar Fusion affirme qu’elles bénéficient d’une conception robuste, avec un blindage épais, qui les protège des radiations cosmiques et des micrométéorites. La startup prévoit de mener les premiers tests du moteur DDFD cette année dans des chambres à vide géantes en Angleterre. Ces essais permettront de valider le concept. La société mènera ensuite une démonstration orbitale en 2027.

Encore deux décennies pour voir la technologie mure à point

Toutefois, le calendrier pour un prototype fonctionnel reste incertain. Certains experts estiment qu’il faudra attendre une décennie pour voir une première fusée en état d’effectuer une mission. D’autres parlent de deux décennies au minimum. Nous devrions donc nous armer de patience. Mais attendre jusqu’au milieu du siècle ne sera pas trop difficile quand on sait que nous explorons l’espace depuis plus de soixante ans. Peut-être même que d’ici là, les temps de voyage seront encore réduits.

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