Gaming

« Stop Killing Games » : la pétition pour interdire l’arrêt des jeux en ligne atteint son premier objectif 

La pétition « Stop Killing Games », visant à faire adopter une loi pour interdire l’arrêt des jeux vidéo en ligne, a déjà franchi la barre d’un million de signatures. Elle a donc dépassé le seuil requis pour être considérée par la Commission européenne. En cas de validation, l’instance européenne pourrait adopter une loi pour protéger les jeux en ligne lorsqu’ils sont abandonnés.

Il est de coutume dans l’univers du gaming que les éditeurs ferment un jeu en ligne après un certain temps pour passer à d’autres projets. Bien-sûr, cette pratique ne plaît pas aux joueurs, qui souhaitent continuer à avoir accès à un jeu abandonné par son développeur. C’est dans cette optique que l’initiative citoyenne intitulée Stop Killing Games a lancé une pétition récemment.

Stop Killing Games réunit les signatures nécessaires à une prise en charge par la Commission européenne

Cette pétition a dépassé 1,25 million de signatures mercredi 9 juillet dans l’Union européenne. Elle dépasse donc le seuil requis pour forcer la Commission à prendre en compte les questions soulevées par les citoyens de l’Union européenne. Cette campagne veut faire comprendre que, lorsque les fabricants de jeux vidéo décident de vendre ou d’arrêter des jeux en ligne, ils coupent injustement la connexion au serveur nécessaire au fonctionnement des jeux, détruisant ainsi toutes les copies et le droit de pouvoir y jouer autant que possible.

L’acheteur d’un jeu vidéo en ligne ne possède pas son produit comme celui qui achète un livre

Selon les initiateurs du projet, Aleksej Vjalicin et Daniel Ondruska, « cette pratique revient à priver les clients de leurs achats et rend toute restitution impossible ». Ils pensent qu’« elle constitue une atteinte radicale aux droits des consommateurs et même au concept de propriété. ». Aleksej Vjalicin et Daniel Ondruska notent d’ailleurs que les jeux vidéo se situent dans une zone grise juridique. En effet, alors qu’un livre acheté par un lecteur appartient indéfiniment à celui-ci, le joueur ne possède pas son jeu pour toujours. Pis, il ne sait pas combien de temps il aura accès au service.

Il n’y a pas de remboursement après l’arrêt des jeux en ligne

Fort de cela, Stop Killing Games soutient que les entreprises de jeux vidéo volent leurs clients chaque fois qu’elles abandonnent un jeu sans le rendre accessible aux joueurs une fois la monétisation terminée. Elles les voleraient d’autant qu’il n’y a généralement pas de remboursement. Au-delà des préjudices financiers et ludiques, la pétition soutient que les jeux vidéo sont des « œuvres créatives uniques » et que leur suppression « représente une perte créative pour toutes les personnes impliquées et efface l’histoire d’une manière impossible dans d’autres médias ».

Stop Killing Games ne s’intéresse pas qu’à l’Union européenne

Les organisateurs Aleksej Vjalicin et Daniel Ondruska ont lancé cette campagne après qu’Ubisoft, géant français du gaming, ait mis fin au support de « The Crew », un jeu de course en ligne uniquement lancé en 2014 et qui compte environ 12 millions de joueurs. Pour éviter ce genre de décision, ils ont initié des pétitions dans plusieurs juridictions, notamment aux États-Unis, où malheureusement ce genre d’initiative n’a aucune véritable valeur. La pétition la plus porteuse est celle adressée à l’Union européenne.

Des étapes à franchir pour fixer une loi

Ce dernier texte exige que les jeux vidéo vendus dans l’Union européenne restent en état de fonctionnement lorsque le support prend fin ; qu’ils ne nécessitent aucune connexion à l’éditeur après la fin du support ; et qu’ils n’interfèrent pas avec les pratiques commerciales pendant qu’un jeu est toujours pris en charge. Aleksej Vjalicin et Daniel Ondruska avaient jusqu’à fin juillet pour atteindre le million de signatures nécessaires pour que la Commission européenne s’intéresse à une initiative publique. Mais avant que l’instance se penche véritablement dessus, la pétition doit encore franchir quelques étapes.

Les signatures de Stop Killing Games doivent être authentifiées

Il faudra d’abord que les « autorités légales des pays de l’UE effectuent des contrôles exhaustifs ou aléatoires pour s’assurer que les signatures sont authentiques et légitimes. Par la suite, les gouvernements enverront aux organisateurs un certificat indiquant le nombre de signatures valides. Une fois tous les documents reçus, la pétition pourra être soumise à la Commission, qui tiendra un échange structuré avec les initiateurs.

Un texte devra être adopté par le Parlement européen

Le Parlement européen pourra ensuite organiser des auditions publiques dans les mois qui suivent le dépôt des documents. Si tout se passe bien, la Commission répondra à la pétition en précisant les mesures qu’elle entend prendre, ainsi qu’un calendrier de mise en œuvre. Mais cette nouvelle loi devra être soumise en dernière étape à la procédure législative habituelle pour adoption. Le chemin reste donc long. Cependant, une grande étape a été franchie avec l’atteinte du million de signatures (si elles sont authentiques) avant la date limite.

Le lobby des industriels du jeux vidéo répond à la campagne Stop Killing Games

Video Games Europe, un groupe industriel qui représente presque tous les grands noms du secteur vidéo-ludique, a réagi au mouvement Stop Killing Games. Il a admis que la disparition des jeux est problématique, mais que tout cela se fait en accord avec la loi en vigueur et les logiques commerciales. « Nous apprécions la passion de notre communauté. Cependant, la décision d’interrompre les services en ligne (…) doit être une option pour les entreprises lorsqu’une expérience en ligne n’est plus commercialement viable », écrit le lobby dans un communiqué. Video Games Europe estime aussi qu’en cas d’adoption d’une nouvelle loi, celle-ci poserait aux entreprises des problèmes d’ingénierie « importants », compromettrait leur capacité à développer de nouveaux jeux et pourrait « éroder » les droits de propriété intellectuelle.

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