La diplômée de Harvard a décidé d’attirer l’attention du public sur la part d’ombre du réseau social californien à travers des révélations provenant de documents internes à l’entreprise. À quelle fin ?
Il aura fallu moins de deux ans à Frances Haughen pour faire vaciller l’édifice de Facebook. L’Américaine originaire de l’Iowa est au cœur des méfaits attribués au leader des réseaux sociaux par la presse outre-Atlantique ces derniers jours. Mais cela, personne ne le savait avant dimanche 3 octobre et sa première interview à la télévision CBS. Car pendant plusieurs semaines, cette trentenaire a opéré dans l’anonymat, transmettant des milliers de documents dérobés au groupe de Mark Zuckerberg au Wall Street Journal (WSJ) qui y a consacré tout un dossier intitulé « Facebook Files ». La Securities and Exchange Commission communément désignée par SEC ainsi que des procureurs fédéraux ont également été saisis.
Lanceuse d’alerte
La provenance de ces données compromettantes concerne l’ancien emploi de Frances Haughen. Recrutée en juin 2019 par Facebook, elle y travaille en tant qu’ingénieure chargée du traitement des questions de démocratie et de désinformation. Jusqu’à la présidentielle américaine de 2020 lors de laquelle le réseau social a de nouveau cristallisé l’attention pour sa politique de lutte contre les contenus de haine, entre autres. Selon Frances Haughen, le géant du web échaudé par les accusations de favoritisme envers Donald Trump quatre ans plus tôt entrevoit des réformes encourageantes en réduisant dans un premier temps la portée des algorithmes de recommandation sur les contenus problématiques, avant de revenir sur sa décision peu après le scrutin.
Ce revirement fait naître auprès l’ingénieure de 37 ans, un cas de conscience. Partie de Facebook de son propre chef en mai dernier, elle s’est depuis muée en lanceuse d’alerte sur la situation problématique du réseau social aux presque trois milliards d’utilisateurs mensuels.
Guérir Facebook
Dans la foulée de sa toute première apparition publique du 3 octobre, Frances Haughen met en branle sa stratégie de communication en lançant son site internet personnel. Sur Twitter, ses publications se font plus régulières et toujours à propos du même sujet : Facebook. Son objectif est d’aider le réseau social à guérir de ses propres maux en l’amenant à ériger la sécurité de ses utilisateurs au-delà de toute autre considération, même celle pécuniaire. Car ce dont celle qui dispose de près de 15 ans d’expérience dans différentes firmes de la Silicon Valley dit avoir été témoin chez Mark Zuckerberg est d’un niveau inégalé.