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Harcèlements et discrimination : sale temps pour Ubisoft Singapour

 

Le studio d’Ubisoft à Singapour fait l’objet d’une enquête pour des faits de discrimination et de harcèlements. Le régulateur local, la Tafep, a appelé tous les témoins ou victimes présumées à signaler immédiatement les incidents à la police. Si l’éditeur est jugé coupable, il pourrait se voir retirer le droit de créer ou renouveler les permis de travail.

Mauvais traitements et disparités salariales

La Tafep (« Tripartite Alliance for Fair and Progressive Employment Practices » ou « Alliance tripartite pour des pratiques d’emploi équitables et progressives » en Français) a annoncé, le mardi 17 août 2021, avoir ouvert une enquête pour des faits de discrimination et de harcèlements sexuels visant le studio de l’éditeur français Ubisoft à Singapour. Le régulateur de la cité-État dit avoir reçu des informations anonymes contenant des liens vers des articles en ligne concernant ces allégations. Il a également appelé tous les témoins ou victimes présumées de ces incidents à les signaler immédiatement à la police.

Selon des quotidiens locaux, l’alerte reçue par la Tafep date du 23 juillet dernier. Deux jours auparavant, le site spécialisé dans les jeux vidéo Kotaku avait publié des témoignages anonymes de salariés et d’ex-employés dénonçant un environnement de travail et un management « toxiques ». L’article évoque aussi de mauvais traitements et des disparités salariales importantes entre les femmes et les employés nationaux d’une part et leurs collègues expatriés d’autre part. Par ailleurs, les Singapouriens n’accèdent pas aux postes les plus élevés, alors que le gouvernement avait signé un accord avec l’éditeur en ce sens.

La promesse de changer de façon d’agir

Ubisoft Singapour a dit être « au courant du retour fait à la Tafep », mais a expliqué qu’il n’avait rien à partager pour le moment comme il y a des discussions en cours. Toutefois, « Il est très important que nous puissions parler de ces choses et que nous reconnaissions ce qui se passe actuellement dans notre secteur […] Nous devons commencer à changer la façon dont nous sommes perçus et la façon dont nous agissons en interne », a déclaré Darryl Long, manager général. Il précise que le studio s’efforce de promouvoir une culture dont les collaborateurs et les partenaires peuvent être fiers. « Nous ne tolérons pas et n’admettrons pas de discrimination ou d’abus », a-t-il ajouté dans un communiqué.

Toute l’industrie pointée du doigt

Si l’enquête confirmait les allégations des employés et ex employés, Ubisoft Singapour pourrait renvoyer les personnes mises en cause. Et certaines d’elles pourraient subir des peines d’emprisonnement. Le studio lui-même risque de se voir retirer le droit de créer et de renouveler le permis de travail de ses employés étrangers, pendant au moins quelques mois. Pis, il risque une fermeture. Rappelons que cette nouvelle affaire s’ajoute à une autre similaire, révélée en novembre dernier. L’ancien directeur général de cette antenne, Hugues Ricour, avait été écarté puis muté à Paris. Quoique récurrentes en son sein, notons que ces dénonciations ne concernent pas que Ubisoft. C’est toute l’industrie qui y fait face; une industrie jugée sexiste.

Depuis son ouverture en 2008, Ubisoft Singapour est un studio clé de l’éditeur français. Il a notamment collaboré à tous les jeux Assassin’s Creed lancés par l’entreprise française. Il travaille aussi à son propre projet, le jeu de pirates Skull & Bones. Après de nombreux retards pendant huit ans, cet opus devrait sortir en 2022. Ubisoft Singapour compte quelque 500 salariés sur les 19 000 du groupe repartis dans tout le monde entier.

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