S’il y a une dizaine d’années, l’hydrogène naturel n’avait de valeur que scientifique, il présente aujourd’hui un intérêt industriel certain. De nombreuses entreprises se sont lancées dans son exploration et/ou son exploitation, après que la compagnie malienne Hydroma a ouvert la voie en 2012.
Jusqu’au début des années 2010, l’hydrogène naturel demeurait une curiosité géologique sans intérêt pour l’industrie. Il a fallu l’audace d’un entrepreneur malien du nom d’AliouBoubacar Diallo pour changer cette opinion. Il a réussi, avec son groupe Hydroma, a transformé l’hydrogène naturel en électricité propre pour le village de Bourakébougou. Il est ainsi devenu le pionner de l’exploitation de cette ressource totalement propre car abondante, renouvelable, sans émission de C02 et moins chère. Aujourd’hui, de nombreuses sociétés sont sur les rangs comme le français Air liquide, spécialiste des gaz industriels, l’américano-allemand Linde, opérant dans le domaine des gaz et de l’ingénierie, et l’américain Skyre, leader dans la transformation des déchets H2 et CO2.
Au Mali, un hydrogène naturel pur à 98%
D’autres entreprises telles que 45-8, Engie, Hynat et Helios s’intéressent aussi à l’exploration de l’hydrogène naturel. Quant acteurs des énergies fossiles, ils s’investissent petit à petit, ne voulant pas rester en marge de cette transition énergétique majeure. Leur survie dépend d’ailleurs de leur adaptabilité car les matières premières ne seront peut-être plus d’actualités d’ici 2050. En Australie, le pétrolier Santos a ainsi décidé de se lancer dans l’exploration de l’hydrogène naturel après avoir reçu le premier permis du pays. Le tout premier au monde étant celui obtenu au Mali en 2006 par Hydroma, la compagnie du milliardaire Aliou Diallo. L’hydrogène naturel découvert est pur à 98%. Ce qui facilite son exploitation.
Depuis 2012, Hydroma produit de l’électricité verte, qu’elle distribue gratuitement au village de Bourakébougou. Après huit ans de test réussi, l’entreprise a récemment annoncé une production à grande échelle pour couvrir les besoins énergétiques du Mali. Elle souhaite ensuite alimenter l’Afrique de l’Ouest puis l’Europe à travers un pipeline. Aliou Diallo n’a pas encore fixé la date de construction de cette importante infrastructure, qui fera 4700 kilomètres. Elle partira de Bourakébougou jusqu’aux portes du Vieux continent. Le PDG d’Hydroma a déjàprévu vendre son « or vert » à un coût très compétitif sur le marchéeuropéen.
D’énormes réserves en Afrique de l’Ouest
Hydroma a également annoncé le lancement prochain de l’exploration de l’hydrogène naturel au Canada et en Australie, pays qui souhaite devenir le plus grand producteur de ce gaz à courte échéance. Une ambition légitime puisque les recherches scientifiques ont confirmé la présence d’importants gisements d’hydrogène naturel le long des rides médio océanique. Au Mali également (et plus largement en Afrique de l’Ouest), les réserves sont inestimables.
Un rapport de qualification d’Hydroma publié en juillet 2019 a établi l’existence de plus de 700 milliards de mètres cube d’hydrogène naturel rien que dans la zone de Bourakébougou. A l’échelle du Mali, qui a une superficie de 1,24 million km², on s’attend à un volume vertigineux. « Si nous exploitons l’hydrogène naturel pour produire de l’électricité et des produits dérivés comme l’engrais, pour la mobilité légère et lourde, nous ne consommerons que 5% à 10% de notre production. Donc le reste que faut-il faire avec ? Si on veut avoir des sources de devises, il faut aller vers l’exportation », a indiqué Aliou Diallo, il y a quelques mois.